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Cat'Apostrophes

Dernière mise à jour : 9 mai

Bernard Pivot est mort ce lundi 6 mai.

Enfant du début des années 30, il avait connu la guerre et appartenait à une génération, bien élevée, cultivée et généreuse. Il avait grandi en ces temps où l’autorité ne se discutait pas, où la transmission (et non la confusion) était la règle de ce qu’on appelait l’éducation.


Celui qui a dit « le journalisme est le règne de l'éphémère et du volatil » en avait gardé une profondeur plus qu’une gravité. Il défendait la francophonie qui n’était pas encore un gros mot.


Il appartenait à cette race d’intervieweur - aujourd’hui disparue - qui donnait du sens, de l’intelligence et savait magnifier l’interviewé. Cette curiosité jubilatoire à faire accoucher l’autre de ce qu’il peut dire, écrire, chanter, dessiner, cuisiner, jardiner, cultiver… partager le meilleur.


Il avait de commun avec Jacques Chancel, mon mentor, d’être Pygmalion.


Médiateurs et passeurs, ils étaient tous deux en quête !

Ils recherchaient, avec légèreté et gourmandise, la beauté, la vérité et en un mot l’essentiel.

Bernard Pivot, Jacques Chancel et Lino Ventura sur une étape du Tour de France

Bernard, l’homme des livres était un amateur de football. Il avait joué « inter » (le joueur pivot), un passeur n’est pas un dribbler narcissique. Il était plus Griezmann que Mbappé…


Jacques pouvait interroger, avec la même curiosité et la même simplicité, le ténor Pavarotti comme la lanterne rouge du Tour de France. Il ne jugeait pas et n’avait nul appétit pour la vulgarité ou le caniveau. Il était pudique et cherchait à faire grandir...


C’est au fond le contraire de ce que l’on nous sert aujourd’hui : l’enquête !

Le journaliste se prend désormais pour un juge. Voyez comme il se donne toujours le beau rôle ! Il est si prévisible et sûr de lui ! Il est si certain de détenir la vérité qu’il ne cherche pas à la servir mais à l'imposer. Ne prétend-il pas combattre les fake news ? Il traque et truque, dénonce et flatte... Il faut bien vendre !


Les émissions s’appellent désormais Calvi 3D, 24H Poujadas, l’heure des Pros (Praud) ou 20h00 de Darius Rochebin…

Les leurs s’appelaient Apostrophes, Radioscopie, Le Grand Échiquier ou Bouillon de culture...

Tout est dit ! Ils ne vous parlaient pas d’eux, mais avaient le (bon) goût des autres.

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